Cherchant dans mon porte-monnaie un billet approprié à la somme de mes achats, j'en sortis un et le tendais à la caissière. Elle plia le t-shirt et le pantalon que je venais d'acheter, le rangea dans un sac, me rendit la monnaie et le ticket, avant de me remercier et de passer à la cliente suivante. Cherchant à me faufiler dans la foule de gens qui se pressait dans le magasin, je sortis enfin à l'air libre. Regardant dans mes affaires que tout y était, je marchai un peu dans le Centre Commercial avant que mon ventre n'émette un bruit familier. Me rendant compte que je mourrais de faim, je me dirigeais vers la pâtisserie à vingt mètres devant moi et y entrai. J'écarquillai les yeux devant la queue extra-longue qui s'étendait presque jusqu'à l'entrée, et m'interrogeais si cela en valait la peine. Mais en apercevant tous les gâteux présentés sur les vitrines, je ne résistais pas et pris mon mal en patiente. Gardant mon sac à main sur moi, je me postais derrière la dernière personne et attendis.

Plusieurs gens arrivèrent ensuite derrière moi, et je me retournais pour les observer. À mon plus grand regret, je reconnus Miharu, qui m'avait vaincu lors de notre passage en Rang. Je lui en voulait encore de m'avoir battu si facilement. C'est alors que j'aperçut un petit malin qui marchait à pas de loup vers elle, et subtilisa son sac sans qu'elle ne s'en aperçoive. Je voulus la prévenir mais me ravisais. Elle n'avait qu'à faire plus attention ! De toute manière, elle s'en rendit compte et se mit à la poursuite du voleur. Me désintéressant lorsqu'elle disparut, je me concentrais plutôt sur la file qui avançait très lentement. Quelques minutes plus tard, du coin de l'oeil, j'aperçu ma rival qui revenait en se tenant de poignet. Elle se refaufila derrière moi, et je fis comme si de rien n'était. J'entendis tout de même sa voix retentir dans mon dos :

« Excusez moi vous auriez un mouchoir en papier ? »

Je levais les yeux au ciel, mais cherchai tout de même dans mon sac avant de le lui tendre. J'esquissais un bref sourire forcé, et baissai le regard sur son poignet. Un petit filet de sang s'écoulait sur sa main. L'air innocent, je lui demandais :

« Qu'est ce qui t'es arrivé ? »

Spoiler:

« Un petit malin s'est amusé à essayer de voler mon sac, et ... Je crois que je suis allée un peu fort quand je l'ai récupéré. »

J'écarquillai les yeux, l'air étonnée. Elle s'était tout de même bien amochée, car ses phalanges étaient en sang et son mouchoir aussi. Elle tenta de les bouger mais je vis une légère grimace se former sur son visage. Le pauvre gamin avait dû souffrir, mais faire face à quelqu'un qui venait de Undai, et en plus quelqu'un comme Miahru, c'était du lourd, et j'en avais fait l'affreuse expérience, à mon grand regret. La file avança, et je suivis le mouvement. La jeune fille tenait fermement son sac. Je cherchai mon porte-monnaie, malgré que nous soyons encore très loin de la caisse. Je regardai à l'intérieur. Plus beaucoup d'argent... Il faut dire qu'avec tout ce que je m'étais acheté en vêtements aujourd'hui, je n'avais pas à me plaindre. C'est alors que Miharu engagea la conversation en me demandant :

« Et toi Que fais tu en ville Amélia ? Moi je faisais les librairie. J'ai pu m’acheter des mangas. »

Je lui offris un sourire avant de lui répondre :

« Je suis venue m'acheter des fringues. J'étais complètement à sec, et j'ai fait le plein, même si mon argent de poche à souffert ! »

J'en arrivais presque, dans cet endroit empli de monde, à oublier la défaite cuisante que mon ennemie m'avait infligée. Ici, l'atmosphère et l'ambiance étaient différentes, tenter d'être amis semblait plus à notre portée, comme si nous n'avions plus rien qui nous séparait, pas même notre rang. Des mangas. Ah oui tiens, cela faisait un bout de temps que je n'en avais pas lu, il fallait que je m'y remette, c'était si passionnant. Le silence régnant entre nous deux, gênée, je continuais :

« Tu lis quoi comme sorte de mangas ? »

« Les Shojos et des Shonens. En ce moment je regarde Accel World et le manga que je viens de commencer et bien c'est atta ! »

Elle parut mal à l'aise et m'offrit un sourire gêné avant de replonger les mains et la tête dans son sac. Je ne pus m'empêcher d'esquisser un rictus. En dehors de Undai et de l'Arène c'était une fille super, sociale, gentille, tout ce qu'on peut rêver comme amie. Alors que je désintéressais, elle ressortit, son bouquin à la main, triomphante :

« Los Paradise. Une histoire de Misogyne et de Yuri, mais très très soft. Il est génial J'ai lut les 5 premiers tomes, et j'ai pas trouver le 6 alors étant au Japon. »

Puis elle le re-rangea tandis que j'écarquillai les yeux. Je connaissais cette série ! Je l'avais même adoré ! Je les avais tous dévoré en étant un peu plus jeune, en un peine un mois j'en avais lu trois il me semble. Je voulus lui répondre avec un enthousiasme que je ne me connaissais pas, mais elle me dit en montrant le comptoir :

« Oh c'est ton tour Amélia. »

Je me retournai et dis bonjour à la dame. Je lui demandai un croissant et un éclair au chocolat. Je lui donnais un billet et elle me rendit la monnaie. Je pris mes paquets et me décalai sur le côté pour attendre que Miharu est finit de commander ce qu'elle voulait. Je m'assis à une table haute, posai mes affaires sur une chaise et attendis la jeune fille. Elle ne tarda pas à venir s'asseoir à côté de moi. Je pus enfin lui dire :

« Je connais Los Paradise, c'est juste génial, je les ai tous lu, à la fin ils... Non je te dis rien ! »

« Hum à Undai quel est la personne que tu déteste le plus. »

J'eus un moment d'hésitation que j'espérai avoir assez dissimulé. C'était une question risquée d'après moi, car il y avait plutôt beaucoup de chance que je réponde elle, mais je réfléchis à deux fois avant de parler, revoyant toutes mes rencontres à Undai alors qu'elle dit avec le sourire que si c'était elle, il valait mieux de sujet ou se quitter maintenant, mais c'est alors qu'un évènement particulier me revint en mémoire. Le Cinéma... Non loin de là d'ailleurs, peu de temps après mon arrivée au Japon... Bonnie. Celle qui, à la sortie du Cinéma, c'était battue contre moi au point d'ameuter tous les gens autour de nous. Sans aucun doute c'était elle que je méprisais le plus, cette fille ridicule à peine plus âgée que moi avec ses cheveux blancs. Après il y avait Naoko que je n'appréciais pas beaucoup, mais nous avions tout de même vécu une aventure ensemble dans le vieux temple, alors c'était une connaissance, mais pas extrêmement amicale. Je lui souris donc, posant mes mains sur la table en disant :

« Non c'est pas toi. C'est Bonnie A. Sâto, je me suis battue avec elle à la sortie du Ciné pas longtemps après mon arrivé à Undai, je peux plus la voir cette fille ! »

Ma voix était un peu montée dans les aigus, signe que j'étais énervé, et j'avais peut-être aussi parlé un peu fort, car plusieurs gens me regardaient de travers, comme si je venait de tuer quelqu'un. Reprenant mon calme, je lui demandais à mon tour :

« Et toi, prof ou élève que tu hais ? »

Etant donné ce que je venais de répondre, elle ne répondrais surement pas moi, du moins je l'espérais, et puis je ne voyais pas pourquoi elle me haïrai, après tout je ne lui avais rien fait, elle m'avait battue...

A peine ai-je eu terminé ma phrase que je vis une lueur illuminer les yeux de mon interlocutrice. Je haussai légèrement un sourcil, intrigué, mais elle sembla vouloir dissimulé le sentiment que j'avais décelé, je décidais donc de passer outre. Tandis que je lui retournai la question, plusieurs personnes s'étaient retournées et nous observaient, mais Miharu leur jeta un regard noir et tous retournèrent à leurs occupations. Elle avala enfin sa bouchée avant de me répondre d'une voix sèche, pleine de mépris :

« L’espèce de charogne de prof de latin, Sousei. Mon corps ce hérisse rien que dire son prénom. Autrement en élève il y a eu Naoko, mais elle a vite disparut un peu comme Djuba un truc du genre. »

Je fus étonnée de voir que peu de monde à Undai appréciait et Sousei, et Naoko d'ailleurs. La professeur de latin était effectivement quelque peu exaspérantes, mais je trouvais ses cours assez intéressant, je ne m'en plaignais donc pas. Pour ce qui était de la jeune fille, elle était plutôt égoïste et rancunière, mais comme je me l'étais rappelé un peu avant, après ce que nous avions vécu, je ne pouvais pas totalement la détester.

« Enfin pour Sousei, c'est un peu régler pour une raison que j'ignore, j'ai le droit de ne plus aller dans ses cours. C'est juste géniale, parce que dans le fonds, je peux dire que je parle couramment le latin. »

Ow. J'ignorai que certains élèves héritaient de traitements de faveurs. Peut-être était ce pour les Premières ? Ou les nouveaux vainqueurs. Je dois dire que je l'ignorai. Je décidai d'aborder un sujet délicat, qui n'était que très frais, mais tant pis, pourquoi ne pas tenter le diable ? Je posais ma question d'une voix neutre et en arborant un sourire des plus innocent :

« Alors, comment ça se passe, c'est bien d'être en Première ? »

A peine ai-je eu fini ma phrase qu'elle s'étouffa de nouveau avec le même gâteau. J'eus un léger sourire en coin tandis qu'elle s'essuyait le front, car cette fois-ci je comprenant le sens de cette maladresse de sa part. Elle avait parfaitement compris mon intention, et j'avais hâte de voir sa réponse, même si je savais bien qu'elle y répondrait le plus normalement possible. Elle sembla réfléchir pendant près d'une minute, tandis que je la fixai intensément. Elle finit tout de même par dire :

« Oh euh, la Première ? C'est moins de cours théorique, et plus de matérialisation. On a des cours de Musique et d'Art. Et euh... C'est aussi l’opportunité de se créer de nouvelle armes, et on peut aussi matérialiser en dehors de l'Arène. »

Elle ne m'apprenait pas grand chose mais je fis comme je m'y intéressais. Je soupirai légèrement tandis que je sondai ses yeux verts pommes. Je me remémorai notre combat. Se faire battre par une fille de quinze, l'humiliation la plus totale. Mais bref, je l'observai alors qu'elle consultait sa montre. Elle releva le regard et me dit d'une voix pressée :

« Oh je suis désolée, Amélia, mais je dois rentrer à Undai. Pas que ta compagnie me sois désagréable, bien au contraire mais je n'ai pas envie d'attenre le dernier train pour rentrer, je n'ai pas envie de faire de mauvais de rencontre. »

Ouais ouais... Bref. Je lui souris, avant de descendre de table avec elle. Je regardai l'horloge de la boulangerie. 18h. Il était tard effectivement, il fallait que je rentre aussi. Je lui dis :

« Bah je t'accompagnes, je dois rentrer aussi. »

J'eus une légère satisfaction en disant cela, car cela devait bien l'arranger de partir et de me laisser, et de ne pas la quitter et de la coller m'amusais beaucoup. Je me raclais la gorge tout en la suivant hors du centre commercial.

« C'est qui ta camarade de chambre déjà, à toi ? Elle est sympa ? »

Tandis que nous marchions, elle mit ses écouteurs, et je me retrouvai entre guillemets seule, car le fait d'écouter de la musique nous isolait beaucoup, j'en étais parfaitement consciente car je le faisais souvent. Lorsque je lui posais ma question, elle prit tout de même la peine de me regarder, et de me répondre après une petite minute de réflexion :

« Aria, la starlette un peu folle sur les bords. Sympa... pas vraiment mais je ne vais pas me plaindre je suis quand même pas mal tomber. »

Je haussai les sourcils tandis que nous arrivions à la gare. Je la vis d'asseoir sur un banc et fis de même. Elle se mit à tapoter sur sa cuisse avec sa main, surement le rythme de sa musique. Je passais la mienne dans mon sac, cherchant mon Ipod et mon casque, mais la train arrivait, et nous nous levâmes. Elle me demanda à son tour, sans grand intérêt.

« Aller, go pour Undai. Hum enfaite toi ta une camarade de chambre ? »

Ah, Crysalia. Elle était aussi timide que moi, si ce n'était pas pire. Toujours calme, à ne jamais dépasser les limites de son lit, mais elle avait beau être très réservée, elle était très gentille. De plus, je me rappelle notre première rencontre, nous nous étions trouvés énormément de points communs et autres... Bref, alors que je m'asseyais aux côtés de Miharu, je lui répondis :

« Crysalia pour moi, celle qu'on ne voit pas souvent. Elle est très gentille, mais on parle beaucoup. »

Sans attendre, je sorti enfin mon casque, l'enfilai sur mes oreilles et cliquai sur Play. La musique résonna dans mes tympans et j'en oublia totalement ma camarade de Undai. Je me tournai vers la vitre et regardai mélancoliquement le paysage Japonais défiler à toute vitesse devant mes yeux.

END