Nous marchâmes ensembles et sur le chemin survint un spectacle que j'avait espérer ne plus voir: une bande de types qui avait l'air de s'en prendre à quelqu'un. Mon sang ne fit qu'un tour et mes poings se fermèrent de rage, blanchissant mes jointures. Cependant, je ne fis rien. Peut être que la personne battue en ce moment est quelqu'un de terriblement mauvais. Peut être aurai-je tort d'intervenir. C'est pourquoi je détourna mon regard de cette triste scène et continua à marcher sans rien dire.
Ce laid tableau semblait avoir été mis sur mon chemin pour me rappeler mon honteux passé et je baissais un instant mon visage pour contempler le sol.
Puis je relevais mon regard et aperçu Izaya. Lui, il avait l'air de m'apprécier. Ici, je m'étais fais un ami, pour la toute première fois de ma vie. ça aussi, c'est important.
Ce n'est pas pour rien que je suis partie. Là bas, à Kobe, pour me protéger je m'étais enfermée, n'approchant jamais personne. Quand on voit comment s'étaient comportés mes parents avec moi! Les seules personnes prévues biologiquement pour m'aimer ne faisait comme si je n'existais pas.

Lorsque finalement nous arrivâmes à destination, le réceptionniste nous héla:

- Mademoiselle Harui, vous avez reçu un courrier, il a été déposé dans votre chambre.

-Um, répondis-je en m'inclinant légèrement pour le remercier.

J'allais continuer ma route lorsqu'une étrange petite voix étranglée s'éleva dans mon dos:

- Harui… Hahaha. Harui, tu es donc une fille et… Haha haha !

Quésskimraconthsuila? Ne me dites pas que...Il avait vraiment pas compris que j'étais une fille?!
Et dire que depuis les courts moments que je suis ici, j'avais l'impression de me comporter comme une fille ordinaire!-Quoi, une fille peut aimer les pantalons et donc par conséquent porter un uniforme masculin...c'est pas interdit-
Et puis, je n'ai tapé personne, fais peur à personne, n'ai volé personne, je n'ai pas tué Izaya parce que je pensais qu'il savait que j'étais une fille, je marche comme une fille, et en plus, je parle beaucoup plus, comme une fille! Dois-je me sentir vexée de cet affront à mes énormissimes efforts pour tenter de mettre en valeur ma féminité? ça ne me gêne pas tant que ça qu'on me prenne pour un garçon, mais là, après tant d'efforts...
Non, non, non. J'ai dû avoir mal entendu ce qu'il a dit.

-Pardon?

Mais il ne me répondit pas et, marchant comme un robot rouillé légèrement choqué sur les bords, il prit la direction du dortoir des filles.

-Izaya-san?

Il continua à m'ignorer et ne s'arrêta que devant ma porte. Il l'ouvrit, me laissa entrer et entra à son tour. J'aime vraiment cette chambre, elle est propre, jolie et spacieuse. Mes vêtements et autres effets personnels étaient dans mon armoire, et des manuels et autres fournitures scolaires trônaient sur mon bureau. La décoration laissait donc un peu à désirer, mais ce style sobre m'allait beaucoup mieux. En plus, si jamais je suis renvoyée (même si je vais tout faire pour que ça n'arrive jamais), ce ne serait pas poli de laisser des traces sur un si bel endroit mis à ma disposition. Je regardais encore Izaya du coin de l'oeil. Ce dernier avait l'air déconcerté par l'apparence de ma chambre. Puis il sembla soudain reprendre quelque peu ses esprits et me dit:

- Et ça fait longtemps que t’es une fille ?

-Hein? Depuis ma naissance.

Si ça aussi c'était une blague, c'était pas vraiment très drôle. Je n'eu pas le temps de penser à autre chose, car il me prit dans ses bras avant de déclarer solennellement:

- C’est pas grave hein ! On reste pote mec ! Tu ne seras juste pas mon prince charmant...

-Ton prince charmant? Tu sais Izaya-san, je comprends pas vraiment ce que tu dis...

Je me détachais de lui pour récupérer une feuille et un crayon dans mon armoire presque vide (une étagère pour les vêtements, une pour mes babioles-mon dico, mes manga- et un cintre pour l'uniforme...ça fait toujours au moins quelque chose!) lorsque je repensais à ce que m'avait dit le réceptionniste: il y avait ici une lettre pour moi. ça devait être une lettre de l'administration du lycée...Ou alors...une lettre de renvoi?! Nan, pas possible, je viens d'arriver.
Je la saisie sur mon bureau et écarquilla les yeux en reconnaissant l'écriture. C'était l'écriture de ma mère. Comment était ce possible?
Mais quand j'ouvris l'enveloppe, ce fut pour y trouver une lettre sale (y avait même un peu de vomi sur le bord, elle s'était encore bourré la gueule avec je ne sais quel inconnu), à l'écriture laide et irrégulière (puisque je viens de vous dire qu'elle s'était sûrement bourré la gueule), qui me suppliait de rentrer à la maison. Elle avait appris où j'étais grâce au vieux concierge qui avait vu mon invitation à l'Académie Undai. J'imagine déjà ce qu'elle raconte d'autre: "ton père s'est fait battre" (logique, si personne ne touchait à ma famille, c'était bien parce que j'étais là) "on a des dettes importantes à régler" (ah ben oui, c'est moi aussi qui m'occupait de payer leurs conneries au casino) ou des trucs du genre.
Je froissais la lettre avant de la jeter à la poubelle, puis sortis dehors.
Une fois à l'extérieur des dortoirs, je me retournais et dis:

-Bon, puisque je connais pas le coin...où on va?

Izaya-san me décrivit l'école. Kami-sama, c'est énoooorrrrme! Je savais déjà d'avance que j'allais me perdre ici.
Ne sachant pas par quoi commencer, nous nous baladâmes un peu partout et je me sentais de plus en plus étrangère à ce monde de richards, beau, propre et ordonné. Avais-je vraiment ma place ici?
Yosh! Je vais faire de mon mieux!

Ce fut une longue et belle balade, Izaya-san était un compagnon de route parfait: drôle, mais appréciant aussi les moments de silences.

Tiens, maintenant que j'y pense, je n'ai pas pus dessiner, j'étais trop occupé...ba, tant pis, j'ai une bonne mémoire. Je dessinerai dans ma chambre, et je crois déjà que je sais ce que je vais faire!

Le soleil se couchait déjà lorsque nous revinrent finalement aux dortoirs, et au moment de nous séparer, je le remerciait chaleureusement en souriant puis tourna les talons pour retourner à ma chambre.

HS: Désolée, j'ai vraiment pas d'idée today...

END