La vie n’était qu’une succession d’accidents en tout genre, parfois nous sourions, parfois nous pleurons. Peut-on dire que toutes actions arrivent par hasard, que notre vie n’est pas déjà dessinée par les mains de je ne sais quelle divinité ? Mon esprit est rationnel, je ne peux croire que ce que je vois. Et pourtant… Parfois, j’espérais que ma vie ait déjà été écrite, que tous les malheurs que je vivais jusqu’à présent allaient s’arrêter lorsque la main sadique de mon créateur décidera de me gracier de tels fardeaux. Je le priais… Pour qu’il arrête de me faire souffrir, ne serait-ce qu’un peu… Assez pour que je connaisse le vrai bonheur.
C’est sous ces pensées que j’avançais, jour après jour, me faisant humilier, rabaisser ou encore choyer durant les jours de grâces. J’avais peu à peu fuie de plus en plus Undai, préférant me cacher dans ma chambre et suivre mes cours avec Akiha-Okasama, ou encore, demander le peu de note que je pouvais drainer chez Kiseki… Voilà ce qu’était ma vie, après que Sousei eut mise ses mains sur mon corps.

Mais aujourd’hui allait être différent… Je me l’étais promise depuis hier. Aujourd’hui je voulais sortir, je voulais retrouver le monde extérieur d’Undai, me dresser fièrement devant ceux qui m’avaient humiliée, trouver ma place… Y arrivais-je seulement ? Tant que Kiseki était avec moi, je saurais le faire. C’est ainsi que je me levais ce matin, réveillée par un courage invisible. Tirant mon jumeau dans la salle de bains afin que nous nous lavions, c’est après une bonne demi-heure que nous en ressortîmes afin de nous habiller, préparer nos affaires et nous diriger vers les restaurants pour déjeuner. Un repas léger pour ma personne, alors que l’ogre me faisant face ne se faisait guère prier pour se goinfrer de sucreries. Si cela lui convenait ainsi, je ne m’en offusquerais pas… Pas aujourd’hui. Une fois que nous finîmes, ce fut le bâtiment principal qui nous accueillit dans son infrastructure mélangeant l’ancien et le moderne. Passant dans le grand hall d’entrée, nous rejoignîmes notre salle de classe se trouvant au troisième étage. Français… Ce sera la première fois que je rencontrerai notre professeur, je n’avais jamais assisté à ce cours, préférant rester avec ma mère plutôt que traîner dans une classe où l’on me regardait comme-ci j’étais une paria.

- Ca va super aller Hikari, faut que tu super sourisses, le prof est super sympa en plus !

Je ne pouvais que le croire, laisser ses sourires et son regard mettre du baume sur mon cœur meurtri alors que nous rentrâmes en classe. M’arrêtant en même temps que Kiseki le fit quand son portable sonna, je le regardais d'un air questionnant alors qu’il répondit avant de converser avec son interlocuteur… Partir ? Levant la tête quand il se retourna, c’est d’un air désolé qu'il m’annonça cette nouvelle que j’avais pu entendre lorsqu’il parlait avec Dead Master-Sama… Lui souriant -finement- à mon tour, je l’excusais en le poussant afin qu’il ne fasse pas attendre la directrice. Un dernier baiser sur la joue, un signe de la main, un mouvement significatif qu'en cas de soucis, je devais l’appeler, et il s’en alla. Seule… Je me sentais terriblement seule lorsqu’il n’était pas avec moi.

Soupirant silencieusement en rejoignant un banc, je me plaçais loin des foules, quelque part dans le fond alors que la classe se remplit peu à peu. Reconnaissant quelques visages, je ne bougeais pas de ma place alors que des regards étranges m'étaient destinés avant que le professeur ne rentrer à son tour, me regarde et me sourisse… Terrifiant. « Hikari Ketsuki n’est-ce pas ? Tu ressembles beaucoup à Akiha-Sensei, bienvenue dans ma classe de français ~ » Comme je le disais, cet homme est terrifiant. Hochant de la tête à son encontre, je sortis mes livres ainsi qu’un bloc feuille de mon sac… Mon plumier ? Soupirant en comprenant que celui-ci se trouvait dans le sac de Kiseki -parti avec sa personne-, je me giflais mentalement… Était-il possible d’être aussi inutile ?!

Zieutant sur la personne se trouvant sur le banc à ma droite, je pris mon courage à deux mains pour attirer son attention et ainsi, lui demander un Bic. Chose que je ne demandais pas directement, ne sachant comment aborder la fille se trouvant à côté de moi… Devais-je taper sur son épaule, son bras, ou sa tête ? Non, la toucher risquait de virer au drame… Je ne pouvais pas parler fort non plus, je ne voulais guère déranger l’enseignant… Peut être en l’écrivant sur un petit bout de papier ? J’ai déjà vu Kiseki le faire, mais cela finissait toujours mal lorsqu’il se faisait « prendre » par le professeur… Que faire ?! Je n’en savais rien… Tellement rien que je me lançais, oisivement, ne sachant vraiment que dire.

- Gomenasaï…

S’excuser était un bon plan pour commencer une conversation non ? Dieu, que faisais-je là ?!

- … Un stylo… Puis-je… Puis-je te demander un stylo, s’il te plaît ? Hum.

La politesse était primordiale, Akiha-Okasama était fière d’avoir une fille aussi polie. Je ne pouvais… la décevoir plus que je ne le faisais déjà.